vendredi 5 septembre 2014

Dans le rétroviseur (2) Divorcer c'est... être courageux !


Divorcer d’après certaines personnes, c’est être égoïste.

Quand on a des enfants et qu’on divorce c’est qu’on ne pense qu’à soi. Il faudrait rester jusqu’à ce que les enfants soient grands pour qu’ils grandissent dans une « vraie » famille.

Divorcer d’après d’autres, c’est manquer de maturité.

Divorcer c’est choisir la facilité. C’est plus facile de jeter que de réparer.

Divorcer c’est fuir ses problèmes.

Quand un couple se sépare, celui qui part est coupable. Et celui qui reste une victime.


Je suis celle qui est « partie ». Je suis donc égoïste, je manque de maturité, je suis lâche et coupable.

Peut-être.



Mais ce que je n’ai pas entendu de la part de ceux qui se sont permis de me juger, c’est qu’il m’a fallu du courage pour prendre cette décision.

Un énorme courage qui a suivi deux ans de remise en question où j’ai tenté en vain de trouver des réponses et des solutions.En vain.

Un immense courage pour m’avouer que je m’étais trompée.

Du courage pour assister à l’effondrement d’un idéal de vie : le mariage, les deux enfants, la belle maison.Une image d’Épinal qui s'effritait. Avec mes rêves, mes espoirs, mes projets, mon avenir que je croyais tracé.

Du courage pour le dire à celui qui partageait ma vie.Pour qu'il accepte de me laisser partir. Pour qu'il reconnaisse que ce n'était pas "ça" le bonheur.

Du courage pour essayer de l’expliquer à nos enfants.

Du courage pour le dire à notre entourage.



Et puis surtout du courage pour vivre ce divorce. Concrètement.Tous les jours.



Quitter ma maison où je venais à peine de m’installer.

Chercher un endroit où poser mes valises avec peu de moyens. En laissant presque tout derrière moi. Meubles, vaisselle, toutes ces petites choses qui remplissent nos armoires, qui nous semblent dérisoires mais nous manquent quand elles ne sont plus là.

Faire face aux portes qui se refermaient quand je disais que je n’avais qu’un demi-revenu et deux petits enfants. Les propriétaires étaient réticents, j’étais une mauvaise candidate. Je les comprends. Comme de nombreuses femmes j’avais choisi le travail à temps partiel pour avoir du temps pour m’occuper de mes enfants. Avant que tout s'effondre.

Je devais trouver un autre travail. Pour résoudre le problème du logement et le problème des factures qu’il faudrait assumer seule désormais.                                                 

Supporter le déchirement de la garde alternée. Le pire incontestablement. Le premier soir, je ne m’en souviens que trop bien. La douleur intense qui s’en est suivie a laissé une cicatrice qui se réouvre un peu chaque vendredi depuis lors quand mes enfants repartent.

Me retrouver seule une semaine sur deux. Désemparée. Triste. Déprimée. Asphyxiée.

Acheter une petite voiture.Moi qui détestait conduire et ne conduisait jamais la voiture familiale, lutter contre ma peur. Par nécessité.

Assumer seule tous les tracas, toutes les dépenses.

Avoir peur de ne pas y arriver.
Pleurer certains jours en ouvrant la boîte aux lettres et en y trouvant une nouvelle facture qu'il faudrait payer. Comment... 

Faire face aux doutes. Et si j’avais eu tort ? Et si j’étais restée ? Chercher un sens.

Faire face aux ressentiments de mon ex-conjoint. A la jalousie excessive de sa nouvelle compagne.

Essayer d’apaiser les conflits.

Pour les enfants, essayer de rester en « bons termes ». Pour ne pas qu’ils paient plus encore…



La liste est longue.

Du courage, il en faut pour divorcer. Je vous l’assure. Il en faut plus que de l’égoïsme et de la lâcheté.

Sans ça, je ne sais pas comment j’aurais pu avancer.

Si j’avais su ce que j’allais traverser, je ne suis pas sûre que je l’aurais fait. Je ne serais sans doute pas partie. J’aurais encore attendu, j’aurais continué à être malheureuse, à pleurer, à déprimer, à me désespérer, à me sentir en prison dans cette vie qui ne m’apportait pas ce que j’espérais et ce dont je rêvais : un amour sincère et épanouissant. J’aurais continué à survivre.

Mais grâce à ce courage que j’ai eu à ce moment-là et dans les mois qui ont suivis, aujourd’hui, je ne survis plus, je vis. Et ça c’est le plus beau cadeau que je pouvais m’offrir.


2 commentaires:

  1. Superbe article. Il faut du courage pour partir, pour s'avouer enfin que ça ne fonctionne pas, qu'on est malheureux, qu'on survit (le mot est si juste ma belle). Peut-être qu'il faut être passé par là pour comprendre ce que ça implique, pour comprendre la déchirure que l'on traine avec soi et qui s'ouvre encore quelques fois. Divorcer c'est dur et ça fait un mal de chien.
    Mais rester pour qui, pour quoi?

    Devant le ciel est bleu, c'est dans cette direction qu'il faut avancer et se reconstruire. Ca prend du temps mais ça en vaut le coup je crois.

    Je t'embrasse fort et soit fière d'être là où tu es aujourd'hui.

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  2. Chère Marie,
    Merci pour ton petit mot et merci de comprendre ce que j'ai voulu exprimer. Je crois aussi qu'il vaut mieux ne pas rester et aujourd'hui, 6 ans plus tard, je suis persuadée d'avoir pris la bonne décision même si je voudrais un quotidien différent pour mes deux enfants. Toi aussi sois fière d'où tu es aujourd'hui !! Tu as traversé des épreuves en en traverse encore, tu es courageuse, mais ça faut le coup oh oui !

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